La géopolitique n'est pas une science puisqu'il n'existe
pas de lois générales. Les paramètres à prendre en compte sont, en effet,
beaucoup trop nombreux et différents pour chaque situation. C'est une
discipline qui se situe dans l'espace des sciences humaines.
Elle doit aller au-delà des discours officiels pour
identifier les intentions réelles, même si ces dernières sont ensevelies au
plus profond des Etats, en se basant sur les héritages du passé et sur les
fatalités de la géographie.
Fondateurs :
Le terme apparaît sous la plume du professeur de Science
Politique/Géographie suédois Rudolf
Kjellén d'abord dans un cours dans les années 1905 intitulé, les
Grandes puissances du présent, puis dans un ouvrage, Stormakterna.
Pour son auteur la géopolitique est « la science de l’État comme organisme
géographique ou comme entité dans l’espace : c'est-à-dire l’État
comme pays, territoire, domaine ou, plus caractéristique, comme règne. Comme
science politique elle observe fermement l’unité étatique et veut contribuer à
la compréhension de la nature de l’État ».
Il reprend en réalité les éléments de géographie politique énoncés par le
géographe allemand Friedrich Ratzel, que l’on considère comme le
père de la Geopolitik allemande. Ratzel analyse l’État
en rapport avec sa géographie, son espace, son milieu, les deux sont en interactions.
Dans son ouvrage Politische Geographie oder die Geographie der Staaten, des
Verkehrs und des Krieges,
Ratzel perçoit l’État comme un être vivant.
Quelques grands mouvements géopolitiques dans
l'Histoire :
Avec le recul de l'Histoire, on perçoit plus facilement les grandes
tendances, et les motivations qui ont conduit les États à adopter une
stratégie :
- Le contrôle des cols
alpins, qui fut un enjeu majeur de l'époque préromaine (péages celtes) et
de l'époque romaine (péages imposés par Rome),
- Le contournement de l'Afrique
par les grands navires marchands européens, faisant suite à la chute de Constantinople, dont la
conséquence fut que le commerce caravanier s'en ressentit : déclin
inexorable de villes commerciales puissantes comme Tombouctou,
Gao
ou Samarcande,
et celui des empires associés à leur prospérité.
- La fin du Premier
Empire en 1814/1815, sous l'effet des différentes coalitions entre
l'Angleterre et des puissances continentales,
- La victoire de l'alliance
France/Angleterre/États-Unis… contre l'alliance continentale autour de
l'Allemagne pendant la Première Guerre mondiale,
- Le contrôle des lieux de
passage maritimes ou terrestres, et les conflits autour du Bosphore
ou de Gibraltar,
- La construction de
tunnels ferroviaires et routiers, péages, à travers les Alpes...
Après la Seconde Guerre mondiale, la notion de
géopolitique, traduisant mal une répartition de plus en plus complexe des
pouvoirs institutionnels dans le monde, recule au profit de quatre disciplines
de sciences humaines :
- Les relations internationales,
appuyées sur la théorie du droit international,
- La sociologie politique, sociologie des
relations internationales, cf. Guerre et Paix entre les nationsRaymond
Aron). On notera que sur ce point l'évolution reste limitée,
puisque la notion d'international reflète la division du monde en nations
souveraines, ce qui se traduit en pratique par l'intergouvernemental plutôt que par
une mondialisation institutionnelle. (
- La géographie politique qui
étudie :
- l'organisation du
pouvoir et des territoires à la surface de la Terre
- le découpage social
de l'espace dans les relations de pouvoir
- la cartographie
électorale
- La Géostratégie, étude des intérêts des
États et des acteurs politiques dans l'espace surtout international.
C'est un espace du droit international, des alliances, des conflits, des
positions parce que la stratégie consiste à projeter les intérêts d'un
État dans le monde (et par extension pour les entreprises).
Le géostratège envisage les conséquences d'un conflit localisé.
La géopolitique, après avoir été bannie comme savoir scientifique, a
retrouvé une nouvelle légitimité d’approche suite aux différents conflits qui
ont émergé dans les années 1970. Dans son essai, le géographe Yves Lacoste
dénonce la main mise des différents États-majors (politique, militaire,
financier, économique) sur les savoirs cartographiques et géographique limités
à des perspectives stratégiques. Il souhaite une vulgarisation de l’approche
géographique. À la même période, autour d’un cénacle d’enseignants de divers
horizon, il lance la Revue Hérodote qui se veut une revue de stratégie et de
géopolitique. Yves Lacostel’étude des interactions entre le politique et le territoire, les
rivalités ou les tensions qui trouvent leur origine ou leur développement sur
le territoire. définit la nouvelle géopolitique
comme
La géopolitique, afin d’éviter de retomber dans les travers du passé, se
doit d’utiliser l’ensemble des connaissances liées à la géographie (géographie physique, mais aussi la géographie humaine dans toutes ses composantes
(sociales, économiques, culturelles, sanitaires), les matières premières et les flux de ressources),
mais aussi utiliser l’histoire, la science
politique, etc.
La mondialisation pourra peut-être conforter la
légitimité de nouvelles approches géopolitiques.
Par sa recherche des interactions entre les grandes zones du monde
(énergie
et matières premières, flux de ressources, passages à risques), la
géopolitique s'intéresse naturellement à la politique internationale et à ses
aspects diplomatiques.
Le terme de géopolitique revêt une connotation stratégique, voire militaire,
tandis que le terme de géographie politique fait plutôt référence
à l'organisation des États, des régions, des entités administratives, des
frontières, et des habitants. On constate que de nos jours la mondialisation
et l’effondrement d’un monde bipolaire ont multiplié et complexifié les liens
entre toutes les populations de la planète. Depuis une dizaine d’année, les
centres universitaires multiplient les sections géopolitiques afin de répondre
à une demande croissante d’analyse dite géopolitique.
Les enjeux ne manquent pas :
- Recherche de la maîtrise
du cycle fermé de l'uranium, et partenariats mondiaux,
- Polarisation et maillages
mondiaux: villes à stature mondiale, pôles de compétence économique et
technologiques, imbrications économiques, fracture numérique.
- Gisements éoliens ou
hydroliens,
- Risques sur les tunnels
transfrontaliers…
- Remises en cause internes
de l'État (régionalisme, autonomie, séparatisme, indépendantisme) :
au Canada (Québécois) ; Europe (Bretons, Catalans, Flamands, Ligue du
Nord, Savoie, Wallons) ; Afrique…
Vous savez maintenant ce qu'est la géopolitique et pourquoi vous êtes sur ce blog.